Le patron de General Motors (GM), Rick Wagoner, et ses homologues, Bob Nardelli (Chrysler) et Alan Mullaly (Ford), traversent une très mauvaise passe. Leurs entreprises respectives n'ont convaincu ni les banques ni les investisseurs, et le Congrès américain est resté sourd, du moins jusqu'à présent, à leurs appels au secours. A l'approche des fêtes de fin d'année, M. Wagoner aura peut-être envie d'envoyer une lettre au Père Noël. Voici ce qu'il pourrait lui demander.
Cher Père Noël, Je sais que cela fait longtemps que je ne t'ai pas écrit. Je le reconnais, j'ai été un peu vexé que tu aies choisi Toyota pour t'équiper en traîneaux hybrides. Et puis, j'étais très occupé à sortir GM de l'ornière.
J'ai été bien sage cette année. J'ai fait tout mon possible et j'ai affronté tous les obstacles, depuis la catastrophe de la crise du crédit jusqu'à la férocité des investisseurs, en passant par le harcèlement des journalistes.
Je sais qu'il y a des cadeaux que, même toi, tu ne peux pas offrir : la disparition pure et simple du mot faillite et de ses synonymes ; la taxation des véhicules fabriqués à l'étranger sans que les relations entre les Etats-Unis et l'Organisation mondiale du commerce (OMC) en pâtissent; nous ramener en 2003, nous les constructeurs automobiles, mais avec les coûts que nous avons aujourd'hui réduits, pour que nous puissions réaliser de fabuleux profits sur un marché euphorique.
Que dirais-tu d'un bon plan de redressement ficelé dans un joli emballage, qui puisse convaincre les législateurs de nous aider tous les trois, sans avoir besoin de nous torturer avec leurs questions pièges ? Ce serait bien : nous pourrions garder nos postes et, cerise sur le gâteau, nos primes.
Une grosse réduction d'impôts pour les acheteurs de voiture ne serait pas mal non plus. Et puis, tant que tu y es, pourrais-tu aussi convaincre les autorités publiques d'autoriser notre filiale financière GMAC à prendre le statut de banque ? Et maintenir le prix du pétrole à un cours bien bas ?
Et comme mes amis et moi sommes très pressés, peux-tu faire comme si j'étais Allemand ? Comme cela, tu pourrais déposer ces cadeaux chez moi dans la nuit du 5 au 6 décembre, la veille de la Saint-Nicolas ? Je ne manquerai pas de laisser à ton attention du lait et des biscuits en quantité, ou bien de jolies paillettes pour personnaliser ton véhicule, si tu préfères."
(Traduction de Christine Lahuec.)
Antony Currie
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